1 00:00:05,590 --> 00:00:08,380 Bonjour à tous, nous passons donc aujourd'hui à la deuxième section 2 00:00:08,580 --> 00:00:13,060 de ce chapitre 2 consacré au rapport entre la légalité pénale et le juge, 3 00:00:13,260 --> 00:00:16,020 et donc nous envisageons dans cette deuxième section le contrôle de la loi, 4 00:00:16,220 --> 00:00:19,390 donc après avoir vu le principe d'interprétation stricte, 5 00:00:19,590 --> 00:00:20,800 l'interprétation de la loi. 6 00:00:21,410 --> 00:00:24,310 Alors la loi, vous le savez, vous l'avez étudiée en première année, 7 00:00:24,580 --> 00:00:28,390 s'inscrit dans une hiérarchie des normes, dans une pyramide des normes 8 00:00:28,590 --> 00:00:32,530 et donc doit se soumettre à cet égard à des normes supérieures. 9 00:00:33,280 --> 00:00:39,250 Il s'agit de s'interroger d'abord sur les auteurs ou les acteurs 10 00:00:39,450 --> 00:00:42,190 de ce contrôle dans un premier paragraphe. 11 00:00:42,390 --> 00:00:46,390 Donc quels sont les auteurs, les acteurs de ce contrôle ? 12 00:00:47,260 --> 00:00:50,170 Plusieurs autorités sont gardiennes de la hiérarchie des normes. 13 00:00:50,500 --> 00:00:54,940 On trouve des autorités nationales et puis des autorités supranationales. 14 00:00:55,140 --> 00:00:58,720 Alors s'agissant des autorités nationales, tout d'abord, 15 00:00:59,260 --> 00:01:03,310 on songe évidemment, au sommet de la pyramide des normes, 16 00:01:03,550 --> 00:01:04,750 au Conseil constitutionnel. 17 00:01:04,950 --> 00:01:05,710 1. 18 00:01:05,910 --> 00:01:07,360 Le Conseil constitutionnel. 19 00:01:08,350 --> 00:01:13,030 Je vous renvoie ici à la définition de la Constitution et du bloc de 20 00:01:13,230 --> 00:01:16,260 constitutionnalité, ce sont des choses que vous devez maîtriser. 21 00:01:18,220 --> 00:01:19,810 Ce qu'il faut avoir à l'esprit, c'est que finalement, 22 00:01:20,010 --> 00:01:24,460 édicter des principes ne suffit pas, encore faut-il pouvoir les transcender, 23 00:01:24,660 --> 00:01:25,750 les appliquer à bon escient. 24 00:01:26,230 --> 00:01:29,590 Et c'est alors le rôle du juge constitutionnel, le Conseil 25 00:01:29,790 --> 00:01:31,750 constitutionnel, qu'on appelle également "les Sages", 26 00:01:32,320 --> 00:01:35,080 c'est son rôle que de préciser le contenu de ces principes. 27 00:01:35,950 --> 00:01:40,450 La Constitution se trouve chaque fois placée au sommet de la hiérarchie 28 00:01:40,650 --> 00:01:44,740 des normes et donc notamment au-dessus de la loi, en sorte que toute source 29 00:01:44,940 --> 00:01:47,410 du droit doit être conforme à la Constitution. 30 00:01:48,670 --> 00:01:53,170 Alors plusieurs griefs permettent au Conseil constitutionnel français 31 00:01:53,370 --> 00:01:55,600 de déclarer une loi inconstitutionnelle. 32 00:01:55,800 --> 00:01:56,980 D'abord, l'incompétence. 33 00:01:58,900 --> 00:02:02,780 Seule une loi constitutionnelle peut déroger à la Constitution. 34 00:02:02,980 --> 00:02:09,820 Donc il y a ici incompétence positive lorsqu'une autorité empiète sur 35 00:02:10,020 --> 00:02:14,140 les prérogatives d'une autre et incompétence négative lorsque cette 36 00:02:14,340 --> 00:02:17,680 autorité ne met pas pleinement en pratique sa propre compétence. 37 00:02:18,970 --> 00:02:22,180 Donc grief d'incompétence, ensuite, autre grief, 38 00:02:22,380 --> 00:02:23,260 le vice de procédure. 39 00:02:23,460 --> 00:02:29,830 Ici, nous visons les irrégularités commises durant la procédure 40 00:02:30,030 --> 00:02:32,950 législative, notamment la méconnaissance du droit d'amendement. 41 00:02:33,150 --> 00:02:36,870 Ensuite, bien sûr, la violation de la Constitution. 42 00:02:37,070 --> 00:02:40,450 Donc il s'agit principalement du non-respect des droits fondamentaux. 43 00:02:41,560 --> 00:02:45,700 Cela étant, le Conseil constitutionnel a pu déclarer qu'il ne bénéficie 44 00:02:45,900 --> 00:02:49,210 pas d'un pouvoir d'appréciation identique à celui du législateur 45 00:02:49,410 --> 00:02:53,120 afin de restreindre les accusations d'arbitraire portées contre lui. 46 00:02:54,970 --> 00:02:58,150 Détournement de pouvoir également, c'est un grief sanctionné. 47 00:02:58,350 --> 00:03:01,750 Le Conseil constitutionnel peut censurer des dispositions qui 48 00:03:01,950 --> 00:03:04,410 n'auraient été prises que dans un seul intérêt financier. 49 00:03:04,610 --> 00:03:08,110 Donc il s'agit ici d'éviter toute forme de spéculation. 50 00:03:09,370 --> 00:03:11,800 Alors comment exercer ce contrôle ? 51 00:03:12,730 --> 00:03:18,210 Vous avez donc deux systèmes qui aujourd'hui sont distingués, 52 00:03:18,410 --> 00:03:21,670 le contrôle a priori et le contrôle a posteriori. 53 00:03:22,300 --> 00:03:26,680 S'agissant donc du contrôle a priori de la loi tout d'abord, 54 00:03:26,880 --> 00:03:31,450 donc, dans certains pays, le juge constitutionnel réalise 55 00:03:31,650 --> 00:03:35,890 un contrôle donc a priori, c'est-à-dire qu'il sera saisi avant 56 00:03:36,090 --> 00:03:40,570 la promulgation de la loi afin de vérifier la conformité de celle-ci 57 00:03:41,230 --> 00:03:44,080 à la Constitution et donc c'est le cas de la France. 58 00:03:44,280 --> 00:03:47,650 C'est le cas de la France lors d'une promulgation de la loi avec 59 00:03:47,850 --> 00:03:48,850 le Conseil constitutionnel. 60 00:03:49,050 --> 00:03:51,670 Donc il peut être saisi par le Président de la République, 61 00:03:51,880 --> 00:03:55,120 le Premier ministre ou le président de l'Assemblée nationale ou du 62 00:03:55,320 --> 00:04:00,280 Sénat et depuis 1974, il peut aussi être saisi par 60 63 00:04:00,480 --> 00:04:04,990 sénateurs ou 60 députés, c'est l'article 61 de la Constitution. 64 00:04:06,160 --> 00:04:10,930 On note environ 20 saisies par an, surtout en droit pénal. 65 00:04:12,110 --> 00:04:16,390 Les censures sont rares, mais les réserves nombreuses et 66 00:04:16,840 --> 00:04:20,900 surtout, la majeure partie des lois pénales, importantes du moins, 67 00:04:21,100 --> 00:04:24,100 eh bien font l'objet d'une saisine du Conseil constitutionnel dans 68 00:04:24,300 --> 00:04:27,700 le cadre d'un contrôle a priori, donc avant leur promulgation. 69 00:04:27,900 --> 00:04:34,150 Voilà alors les Sages ont eu dans 70 00:04:34,350 --> 00:04:37,060 ce cadre-là plutôt l'occasion d'affirmer bon nombre de principes 71 00:04:37,260 --> 00:04:38,020 pénaux. 72 00:04:38,410 --> 00:04:43,450 Par exemple, le Conseil constitutionnel s'appuie sur le principe de légalité 73 00:04:44,140 --> 00:04:47,440 consacré par la Déclaration des droits de l'homme de 1789 pour 74 00:04:47,640 --> 00:04:52,090 imposer au législateur l'obligation, je cite, de "définir des infractions 75 00:04:52,290 --> 00:04:56,000 en termes suffisamment clairs et précis pour exclure l'arbitraire". 76 00:04:56,200 --> 00:05:00,030 C'est la célèbre décision du Conseil constitutionnel du 20 janvier 1981. 77 00:05:02,900 --> 00:05:07,280 En effet, vous comprenez l'idée, on l'a déjà vu, finalement à employer 78 00:05:07,480 --> 00:05:11,090 des notions trop larges, on en arriverait à cautionner des 79 00:05:11,290 --> 00:05:15,500 interprétations extensives et donc à punir sans texte, ce qui contrevient 80 00:05:15,700 --> 00:05:18,530 à l'objectif recherché à travers le principe de légalité des délits 81 00:05:18,730 --> 00:05:21,230 et des peines, je vous rappelle, nullum crimen, nulla poena sine lege. 82 00:05:21,430 --> 00:05:27,500 Voilà, autre exemple encore, le Conseil constitutionnel se fonde 83 00:05:27,700 --> 00:05:31,790 sur le principe de nécessité, à savoir que la loi ne doit établir 84 00:05:31,990 --> 00:05:34,520 que des peines strictement et évidemment nécessaires, 85 00:05:34,720 --> 00:05:37,160 selon la Déclaration des droits de l'homme, eh bien, 86 00:05:37,360 --> 00:05:40,190 il se fonde sur le principe de nécessité pour en déduire que, 87 00:05:40,390 --> 00:05:43,880 je cite, "les peines prévues ne doivent pas être manifestement 88 00:05:44,080 --> 00:05:46,460 disproportionnées avec la gravité de l'infraction". 89 00:05:46,940 --> 00:05:50,090 C'est une décision du 30 décembre 1987. 90 00:05:53,300 --> 00:05:56,150 Autre exemple encore, le Conseil constitutionnel se fonde 91 00:05:56,350 --> 00:05:59,840 sur le principe selon lequel l'autorité judiciaire est gardienne de la 92 00:06:00,040 --> 00:06:03,950 liberté individuelle, c'est l'article 66 de la Constitution, 93 00:06:04,370 --> 00:06:08,810 pour affirmer que les perquisitions et visites des agents du fisc ne 94 00:06:09,010 --> 00:06:11,960 peuvent se réaliser sans intervention du juge judiciaire, donc ce qui 95 00:06:12,160 --> 00:06:15,560 revient à consacrer l'inviolabilité du domicile privé. 96 00:06:15,920 --> 00:06:21,440 C'est une décision du Conseil constitutionnel du 29 décembre 1983. 97 00:06:22,460 --> 00:06:25,370 Et puis encore, et vous aurez l'occasion d'étudier ça en troisième 98 00:06:25,570 --> 00:06:29,330 année, le Conseil constitutionnel a pu déduire des principes fondamentaux 99 00:06:29,530 --> 00:06:33,230 reconnus par les lois de la République, comme par exemple le principe du 100 00:06:33,430 --> 00:06:38,570 respect des droits de la défense, décision du Conseil du 20 janvier 1981, 101 00:06:39,230 --> 00:06:42,260 là où ce principe ne figurait pourtant nulle part dans la Déclaration 102 00:06:42,460 --> 00:06:45,710 des droits de l'homme de 1789, ni dans la Constitution de 1958, 103 00:06:45,910 --> 00:06:51,500 donc ça en dit long aussi sur ses pouvoirs, sur vraiment le rôle 104 00:06:51,700 --> 00:06:57,350 qui est le sien et alors rôle qui a été considérablement accru à 105 00:06:57,550 --> 00:07:00,320 travers la consécration d'un deuxième système de contrôle, 106 00:07:00,890 --> 00:07:03,770 à savoir après le contrôle a priori de la loi, eh bien le contrôle 107 00:07:04,160 --> 00:07:06,440 a posteriori de la loi. 108 00:07:08,030 --> 00:07:12,950 Alors parfois, en effet, pas qu'en France, le Conseil 109 00:07:13,150 --> 00:07:17,300 constitutionnel ou son équivalent peut être saisi a posteriori par 110 00:07:17,500 --> 00:07:21,410 un recours donc formé contre une loi, voire contre une décision de justice. 111 00:07:22,160 --> 00:07:26,360 C'est le cas donc notamment de la Cour suprême, des États-Unis 112 00:07:26,560 --> 00:07:30,440 d'Amérique ou encore de la Cour constitutionnelle fédérale en 113 00:07:30,640 --> 00:07:31,400 Allemagne. 114 00:07:31,600 --> 00:07:36,230 Et puis c'est le cas surtout en France, depuis la révision constitutionnelle 115 00:07:36,430 --> 00:07:40,010 du 23 juillet 2008, qui a introduit donc au sein de notre Constitution 116 00:07:40,210 --> 00:07:47,540 un article 61-1 qui prévoit la possibilité de saisine du Conseil 117 00:07:47,740 --> 00:07:51,140 à l'occasion d'une instance en cours devant une juridiction sur 118 00:07:51,340 --> 00:07:54,710 une disposition législative, je cite, "qui porte atteinte aux 119 00:07:54,910 --> 00:07:58,040 droits et libertés que la Constitution garantit". 120 00:07:58,460 --> 00:08:01,490 Et cette saisine, vous le savez, passe par le filtre du Conseil 121 00:08:01,690 --> 00:08:03,110 d'État ou de la Cour de cassation. 122 00:08:03,310 --> 00:08:07,430 Donc c'est la fameuse procédure dite de QPC, Question Prioritaire 123 00:08:07,850 --> 00:08:12,170 de Constitutionnalité qui est encadrée par une loi organique dont les 124 00:08:12,370 --> 00:08:15,440 dispositions sont entrées en vigueur le 1er mars 2010. 125 00:08:16,640 --> 00:08:20,450 Alors il faut souligner ici l'importance du contrôle réalisé 126 00:08:20,650 --> 00:08:23,570 par le biais de la QPC au point que l'on évoque un phénomène de 127 00:08:23,770 --> 00:08:25,910 constitutionnalisation du droit pénal. 128 00:08:26,870 --> 00:08:30,530 Je vous renvoie ici à différents articles qui ont pu être écrits 129 00:08:30,730 --> 00:08:31,490 sur le sujet. 130 00:08:32,420 --> 00:08:37,520 Nous avons notamment fêté les dix ans de cette entrée en vigueur 131 00:08:37,720 --> 00:08:41,420 de la QPC donc beaucoup de choses ont été écrites à cette occasion 132 00:08:41,620 --> 00:08:44,300 et notamment à Paris II, se tenait un colloque sur les 10 133 00:08:44,500 --> 00:08:47,390 ans de la QPC organisé par le Laboratoire de droit civil, 134 00:08:47,590 --> 00:08:54,020 un ouvrage a été produit et notamment j'assurais l'intervention et donc 135 00:08:54,220 --> 00:08:58,850 et écrit une contribution sur le lien entre la QPC et le droit pénal, 136 00:08:59,330 --> 00:09:02,390 droit pénal au sens large, à savoir droit pénal général, 137 00:09:02,840 --> 00:09:07,220 mais aussi spécial et surtout procédure pénale puisque effectivement, 138 00:09:07,420 --> 00:09:13,610 le phénomène de constitutionnalisation se constate avec une particulière 139 00:09:13,810 --> 00:09:20,840 acuité en procédure pénale, nous aurons largement l'occasion 140 00:09:21,040 --> 00:09:21,920 d'étudier ça l'année prochaine. 141 00:09:22,460 --> 00:09:25,610 En tous les cas, on rencontre également des décisions cruciales en droit 142 00:09:25,810 --> 00:09:29,750 pénal de fond et qui figurent dans votre séance de TD, à savoir celle 143 00:09:29,950 --> 00:09:33,410 notamment du Conseil constitutionnel du 16 septembre 2011 en matière 144 00:09:33,610 --> 00:09:38,960 d'inceste ou encore celle du Conseil du 4 mai 2012 en matière de harcèlement 145 00:09:39,160 --> 00:09:41,000 donc ce sont des décisions qu'il faut connaître. 146 00:09:41,200 --> 00:09:47,510 Voilà, avec évidemment beaucoup de questions que cela appelle, 147 00:09:51,210 --> 00:09:57,560 que cela soulève, puisqu'il s'agit ni plus ni moins de permettre à 148 00:09:57,760 --> 00:10:03,780 un juge d'abroger la loi pénale et parfois même de tenir la plume 149 00:10:04,440 --> 00:10:08,940 du législateur, vous aurez l'occasion de le voir dans le cadre des décisions, 150 00:10:09,420 --> 00:10:13,770 encore une fois inclus dans votre séance de TD, le Conseil, 151 00:10:13,970 --> 00:10:17,580 parfois, instaure un vide juridique en supprimant telle qualification 152 00:10:17,780 --> 00:10:23,040 pénale et puis, finalement, va donner les clés de rédaction 153 00:10:23,970 --> 00:10:27,450 au législateur pour modifier et faire modifier le texte. 154 00:10:27,650 --> 00:10:31,800 Parfois, il fixe aussi des ultimatums, en procédure pénale, 155 00:10:32,000 --> 00:10:34,650 vous avez une célèbre décision du 30 juillet 2010 par laquelle 156 00:10:34,980 --> 00:10:39,150 le Conseil avait censuré le dispositif de garde à vue, car l'assistance 157 00:10:39,350 --> 00:10:41,280 de l'avocat n'était pas suffisamment effective. 158 00:10:41,580 --> 00:10:44,810 C'était en 2010 et le Conseil avait dit au législateur, en tout cas 159 00:10:45,010 --> 00:10:49,860 avait acté le fait que celui-ci avait jusqu'au 1er juillet 2011 160 00:10:50,190 --> 00:10:53,250 pour légiférer, faute de quoi toutes les gardes à vue prononcées sur 161 00:10:53,450 --> 00:10:55,170 la base de ce texte seraient nulles. 162 00:10:55,650 --> 00:10:59,820 Donc le Conseil avait quand même laissé un an pour légiférer. 163 00:11:00,020 --> 00:11:03,990 Le législateur est intervenu le 14 avril 2011, un peu plus tôt 164 00:11:04,190 --> 00:11:04,950 que le mois de juillet, donc. 165 00:11:06,840 --> 00:11:10,530 Mais en tous les cas, on voit finalement qu'il n'y avait 166 00:11:10,730 --> 00:11:13,680 guère de choix en réalité, il ne s'agissait évidemment pas 167 00:11:13,880 --> 00:11:18,720 non plus de prévoir une application immédiate de la décision, 168 00:11:18,920 --> 00:11:20,850 car ça veut dire que toutes les gardes à vue du jour au lendemain 169 00:11:21,050 --> 00:11:21,810 auraient été nulles. 170 00:11:22,380 --> 00:11:25,860 Pour le coup, s'agissant de l'inceste, c'est aussi le vide juridique qui 171 00:11:26,060 --> 00:11:28,590 a pu être reproché, c'est que du jour au lendemain, on s'est retrouvés 172 00:11:28,790 --> 00:11:29,550 sans qualification. 173 00:11:29,750 --> 00:11:33,060 Donc c'est vrai que ça, ça doit vous faire réfléchir dans 174 00:11:33,260 --> 00:11:40,110 la mesure où, évidemment, cette QPC contribue à une amélioration, 175 00:11:40,310 --> 00:11:46,410 j'allais dire importante de la qualité de la loi pénale, 176 00:11:46,980 --> 00:11:52,860 donc en permettant d'accentuer parfois, d'insister sur la précision des 177 00:11:53,060 --> 00:11:57,840 textes et donc en obligeant le législateur à revoir sa copie mais 178 00:11:58,040 --> 00:12:00,120 en même temps, il est vrai que cela pose question du point de 179 00:12:00,320 --> 00:12:04,350 vue du principe de séparation des pouvoirs, du point de vue du principe 180 00:12:04,550 --> 00:12:06,720 de la légalité aussi, des délits et des peines, 181 00:12:07,290 --> 00:12:11,790 dans la mesure où on a un juge qui fait et défait la loi, 182 00:12:11,990 --> 00:12:17,070 ce qui finalement est l'antithèse du principe de légalité pénale 183 00:12:17,270 --> 00:12:20,490 et qui est à contre-courant de l'esprit finalement révolutionnaire 184 00:12:20,690 --> 00:12:25,440 qui consistait à enserrer, on l'a dit, les juges dans un corset 185 00:12:25,640 --> 00:12:26,400 de légalité. 186 00:12:26,600 --> 00:12:29,460 Voilà donc au point tel qu'on peut se demander finalement, 187 00:12:29,660 --> 00:12:32,160 de manière un peu provocatrice, si finalement la QPC n'est pas 188 00:12:32,430 --> 00:12:36,030 intrinsèquement anticonstitutionnelle puisqu'elle contrevient quelque 189 00:12:36,230 --> 00:12:43,210 part au principe de légalité, donc en donnant une telle compétence 190 00:12:43,410 --> 00:12:44,440 au Conseil constitutionnel. 191 00:12:44,800 --> 00:12:47,170 Mais dans le même temps, je l'ai dit, ces censures contribuent 192 00:12:47,920 --> 00:12:50,620 aussi à améliorer la qualité de la loi pénale, la clarté et la 193 00:12:50,820 --> 00:12:52,030 précision donc ce qui là, pour le coup, conforte, 194 00:12:52,330 --> 00:12:58,510 vient en soutien du principe de légalité des délits et des peines. 195 00:12:58,710 --> 00:13:02,170 Voilà, ce sont quelques pistes de réflexion ici. 196 00:13:02,370 --> 00:13:05,320 Alors s'agissant ensuite, après le Conseil constitutionnel, 197 00:13:05,530 --> 00:13:18,010 du juge ordinaire, le juge ordinaire, s'ajoute à cela donc je disais, 198 00:13:19,120 --> 00:13:23,560 un contrôle a posteriori par le juge ordinaire. 199 00:13:27,250 --> 00:13:32,830 En effet, si ce contrôle s'attache à un acte administratif individuel 200 00:13:33,030 --> 00:13:36,790 ou règlementaire, eh bien il peut être exercé par voie d'action devant 201 00:13:36,990 --> 00:13:37,750 le juge administratif. 202 00:13:37,950 --> 00:13:39,850 C'est ce qu'on appelle le recours pour excès de pouvoir. 203 00:13:40,050 --> 00:13:41,860 Alors je vous rassure, son étude relève du droit 204 00:13:42,060 --> 00:13:42,820 administratif. 205 00:13:43,020 --> 00:13:46,450 Il s'agit de vérifier la régularité du texte litigieux. 206 00:13:47,020 --> 00:13:51,160 En revanche, à l'occasion d'une poursuite pénale, le recours peut 207 00:13:51,360 --> 00:13:54,610 être également exercé devant le juge répressif. 208 00:13:55,210 --> 00:13:58,390 On parle alors d'exception d'illégalité ou de non-conformité. 209 00:13:58,930 --> 00:14:02,920 Et toutes les juridictions pénales, donc celles d'instruction, 210 00:14:03,220 --> 00:14:06,400 chambres d'instruction comme celles de jugement, sont habilitées à 211 00:14:06,600 --> 00:14:10,390 faire respecter la hiérarchie des normes sous une réserve, 212 00:14:10,590 --> 00:14:14,650 à savoir qu'elles ne peuvent jamais apprécier la constitutionnalité 213 00:14:14,850 --> 00:14:15,610 d'un texte. 214 00:14:15,810 --> 00:14:19,330 Donc le juge pénal, c'est très important de bien avoir ça en tête, 215 00:14:19,690 --> 00:14:22,450 le juge pénal n'est pas juge de la constitutionnalité. 216 00:14:23,020 --> 00:14:26,080 En revanche, je vous renvoie encore une fois à ce schéma pyramidal, 217 00:14:26,280 --> 00:14:30,040 dans la mesure où la loi a une autorité inférieure aux conventions 218 00:14:30,340 --> 00:14:33,220 et traités internationaux, eh bien, il se doit d'apprécier 219 00:14:33,420 --> 00:14:38,050 sa conformité, je vous renvoie ici à l'article 55 de la Constitution, 220 00:14:38,250 --> 00:14:41,980 à savoir que les traités ou accords régulièrement ratifiés ou approuvés 221 00:14:42,430 --> 00:14:45,010 ont dès leur publication, une autorité supérieure à celle 222 00:14:45,210 --> 00:14:45,970 des lois. 223 00:14:46,170 --> 00:14:50,230 Donc le juge ici pourra vérifier que tel dispositif est bien conforme 224 00:14:50,430 --> 00:14:53,890 aux exigences, notamment de la Convention européenne de sauvegarde 225 00:14:54,090 --> 00:14:55,960 des droits de l'homme et des libertés fondamentales. 226 00:14:56,160 --> 00:14:59,420 Donc en cela, on dit que le juge est juge de la conventionnalité, 227 00:14:59,620 --> 00:15:04,570 juge de la conventionnalité et donc pas juge de la constitutionnalité, 228 00:15:04,900 --> 00:15:09,550 avec aujourd'hui, je l'ai dit tout à l'heure, cette particularité 229 00:15:09,750 --> 00:15:14,320 qui consiste à voir se déployer ces dernières années un contrôle 230 00:15:14,520 --> 00:15:17,860 de proportionnalité, c'est-à-dire que l'on peut distinguer le contrôle 231 00:15:18,060 --> 00:15:23,620 de conventionnalité in abstracto, qui consiste à à vérifier la conformité 232 00:15:23,820 --> 00:15:30,010 d'une loi française à la Convention européenne, et puis le contrôle 233 00:15:30,210 --> 00:15:33,550 de conventionnalité in concreto, donc via le contrôle de 234 00:15:33,750 --> 00:15:39,400 proportionnalité qui consiste ici à écarter une disposition française 235 00:15:41,170 --> 00:15:46,390 dans un cas d'espèce parce qu'effectivement, ça contrevient 236 00:15:46,590 --> 00:15:51,580 aux intérêts en présence, quand bien même la loi serait reconnue 237 00:15:51,780 --> 00:15:54,070 conforme in abstrato, c'est-à-dire reconnue conforme 238 00:15:54,270 --> 00:15:56,170 dans son principe à la Convention européenne des droits de l'homme. 239 00:15:56,620 --> 00:16:02,140 Je vous renvoie là-dessus notamment aux trois arrêts rendus par la 240 00:16:02,340 --> 00:16:05,530 chambre criminelle de la Cour de cassation le 22 septembre 2021, 241 00:16:05,730 --> 00:16:09,100 dans la fameuse affaire des décrocheurs des portraits d'Emmanuel Macron. 242 00:16:09,300 --> 00:16:16,870 Au-delà de l'aspect lié au contrôle de proportionnalité en lien avec 243 00:16:17,070 --> 00:16:18,880 l'état de nécessité, la liberté d'expression, 244 00:16:19,080 --> 00:16:23,020 donc ce sont des considérations sur lesquelles nous reviendrons 245 00:16:23,220 --> 00:16:26,460 plus tard, il y a toute une partie de ces solutions qui, 246 00:16:26,660 --> 00:16:32,770 cette fois, se prononce sur le fait d'avoir relaxé les individus 247 00:16:33,430 --> 00:16:37,120 du chef de refus de se soumettre à un prélèvement génétique. 248 00:16:38,740 --> 00:16:41,470 Voilà dans le cas des infractions de vol en réunion commises, 249 00:16:41,670 --> 00:16:44,530 se posait la question, les personnes avaient refusé de 250 00:16:44,730 --> 00:16:48,520 se soumettre à ces prélèvements et autant elles ont été poursuivies 251 00:16:48,720 --> 00:16:52,270 pour vol, autant elles ont été relaxées sur le fondement de cette 252 00:16:52,470 --> 00:16:54,100 infraction de refus de se soumettre au prélèvement. 253 00:16:54,300 --> 00:16:58,480 Et le procureur général ici s'était pourvu en cassation. 254 00:16:58,960 --> 00:17:01,290 Et ce qui est intéressant, donc vraiment, c'est limpide dans 255 00:17:01,490 --> 00:17:07,690 la motivation de la Cour de cassation, c'est que celle-ci vient nous dire 256 00:17:07,890 --> 00:17:11,680 que finalement, le dispositif, les dispositions du Code de procédure 257 00:17:11,880 --> 00:17:15,700 pénale relatives aux prélèvements génétiques en soi sont conformes 258 00:17:15,900 --> 00:17:19,270 à la Convention européenne, donc in abstracto, en revanche, 259 00:17:19,720 --> 00:17:24,340 il serait en l'espèce disproportionné d'avoir à imposer de tels prélèvements 260 00:17:24,820 --> 00:17:27,940 au regard de la gravité des faits, sous-entendu, les faits n'étaient 261 00:17:28,140 --> 00:17:33,310 pas suffisamment graves pour pouvoir imposer, en tous les cas condamner 262 00:17:33,510 --> 00:17:36,400 pour refus de se soumettre à un tel prélèvement. 263 00:17:36,800 --> 00:17:38,680 Voilà donc ça donne un exemple ici, vous voyez de dichotomie, 264 00:17:39,930 --> 00:17:44,520 en tout cas de nuance entre ce contrôle de conventionnalité in 265 00:17:44,720 --> 00:17:46,740 abstracto et in concreto. 266 00:17:48,890 --> 00:17:50,240 Ça ouvre des perspectives. 267 00:17:50,440 --> 00:17:51,690 Ça pose beaucoup, beaucoup de questions. 268 00:17:52,110 --> 00:17:54,840 Le président de la Chambre criminelle notamment réfléchit à ces 269 00:17:55,040 --> 00:17:57,660 problématiques puisque aujourd'hui, on s'interroge véritablement sur 270 00:17:58,050 --> 00:18:05,130 la méthode à retenir lorsque vous avez deux principes en présence, 271 00:18:07,480 --> 00:18:10,620 deux valeurs, comment arbitrer ? 272 00:18:11,130 --> 00:18:13,680 Je prends un autre exemple aussi, dans le cas de la libération de 273 00:18:13,880 --> 00:18:17,490 la parole des femmes, la Cour d'appel de Paris en 2021 274 00:18:18,060 --> 00:18:23,790 a pu valider, finalement a pu approuver des propos diffamatoires au nom 275 00:18:23,990 --> 00:18:29,640 d'un débat lancé, d'un débat d'intérêt général lancé sur la libération 276 00:18:29,840 --> 00:18:32,800 de la parole et la lutte contre les infractions sexuelles donc 277 00:18:33,480 --> 00:18:37,410 la condition de bonne foi qui permet, qui est un fait justificatif de 278 00:18:37,610 --> 00:18:42,090 la diffamation, a pu être retenue ici de manière très souple et parce 279 00:18:42,290 --> 00:18:49,080 que les juges ont considéré que sanctionner ici la diffamation 280 00:18:49,280 --> 00:18:53,070 constituerait une atteinte, une ingérence disproportionnée, 281 00:18:53,270 --> 00:18:56,550 une atteinte disproportionnée à la liberté d'expression. 282 00:18:56,760 --> 00:19:02,390 Vous voyez qu'on a, et ce, quand bien même, eh bien voilà, 283 00:19:02,590 --> 00:19:05,130 effectivement, la diffamation portait atteinte à l'honneur, 284 00:19:05,330 --> 00:19:08,490 à la réputation de la personne qui était visée, il s'agissait 285 00:19:08,690 --> 00:19:10,730 notamment, parmi ces affaires-là, de l'affaire "balance ton porc" 286 00:19:11,700 --> 00:19:16,140 avec donc l'individu, le premier "porc" entre guillemets 287 00:19:16,340 --> 00:19:19,950 identifié, qui, lui, entendait démontrer une diffamation. 288 00:19:20,150 --> 00:19:23,280 Donc c'est absolument passionnant et ça pose beaucoup, 289 00:19:23,480 --> 00:19:26,370 beaucoup de questions pratiques quant à la méthodologie aujourd'hui 290 00:19:26,570 --> 00:19:32,820 à adopter pour évaluer les différents 291 00:19:33,020 --> 00:19:35,430 principes, les différentes règles en jeu et surtout pour savoir 292 00:19:35,630 --> 00:19:38,910 finalement laquelle doit l'emporter au regard des considérations d'espèce, 293 00:19:39,210 --> 00:19:42,060 sachant par ailleurs que je vous rappelle, le juge de cassation 294 00:19:42,260 --> 00:19:44,880 n'est pas juge en faits mais juge en droit donc ça pose aussi des 295 00:19:45,080 --> 00:19:48,360 questions quant à l'office de la Cour de cassation, savoir si elle peut, 296 00:19:48,560 --> 00:19:54,720 si elle doit sortir de son lit, c'est la transposition du constat 297 00:19:54,920 --> 00:19:57,570 amer que dressait Carboni à propos de la Cour européenne, 298 00:19:57,770 --> 00:20:00,090 il considérait qu'elle était sortie de son lit et que le problème, 299 00:20:00,290 --> 00:20:03,990 c'est qu'on ne parvenait plus à l'y faire rerentrer. 300 00:20:04,620 --> 00:20:08,220 Voilà donc jusqu'où doit-on aller dans cet exercice de contrôle de 301 00:20:08,420 --> 00:20:09,180 conventionnalité ? 302 00:20:09,380 --> 00:20:13,800 Bien, alors nous continuons donc avec les autorités supranationales 303 00:20:14,000 --> 00:20:16,470 cette fois, donc auteurs d'un contrôle. 304 00:20:16,890 --> 00:20:21,000 Je vise ici donc la CJUE qui siège au Luxembourg, et la Cour européenne 305 00:20:21,200 --> 00:20:22,980 des droits de l'homme, donc à Strasbourg, juridictions 306 00:20:24,270 --> 00:20:28,130 qui sont amenées à se prononcer sur la régularité de notre droit 307 00:20:28,330 --> 00:20:29,820 avec les normes européennes. 308 00:20:30,020 --> 00:20:35,250 Si notre droit n'apparaît pas compatible en effet avec ces normes, 309 00:20:35,880 --> 00:20:38,880 le législateur se trouve contraint de réajuster le dispositif pour 310 00:20:39,080 --> 00:20:41,220 satisfaire les exigences requises. 311 00:20:41,420 --> 00:20:48,060 Je donne un exemple notamment de condamnation extrêmement spectaculaire 312 00:20:48,260 --> 00:20:49,320 par la Cour européenne. 313 00:20:50,250 --> 00:20:55,460 C'était le 24 avril 1990, célèbres arrêts Kruslin et Huvig 314 00:20:55,660 --> 00:20:59,010 contre France, dans lesquels la Cour européenne a sanctionné la 315 00:20:59,210 --> 00:21:04,620 France en raison de procédés d'écoutes téléphoniques qui avaient été mis 316 00:21:04,820 --> 00:21:08,200 en place sans absolument aucun cadre légal. 317 00:21:08,400 --> 00:21:12,030 Il s'agissait de la célèbre affaire des écoutes dites de l'Élysée, 318 00:21:12,230 --> 00:21:15,210 dans laquelle il s'avérait qu'un Président de la République, 319 00:21:15,410 --> 00:21:16,740 Monsieur Mitterrand, pour ne pas le nommer, 320 00:21:17,310 --> 00:21:22,080 avait placé et fait mettre sur écoute un certain nombre de hauts 321 00:21:22,280 --> 00:21:26,550 fonctionnaires en vue d'essayer de préserver, de protéger sa vie 322 00:21:26,750 --> 00:21:30,030 privée et notamment de cacher l'existence de sa fille Mazarine. 323 00:21:30,230 --> 00:21:33,430 Il faut savoir donc qu'à l'époque, c'était en dehors de toute règle, 324 00:21:33,630 --> 00:21:38,370 de tout cadre, ce qui donc a été contesté devant la Cour européenne 325 00:21:38,570 --> 00:21:39,330 des droits de l'homme. 326 00:21:39,530 --> 00:21:41,940 Et effectivement, la Cour nous a sanctionnés et ça a conduit le 327 00:21:42,140 --> 00:21:47,490 législateur à intervenir donc par une loi de 1991 encadrant les écoutes 328 00:21:48,210 --> 00:21:48,970 téléphoniques. 329 00:21:52,170 --> 00:21:57,600 On a aussi beaucoup d'exemples de condamnations en matière notamment 330 00:21:57,800 --> 00:22:07,500 de détention, de conditions indignes de détention, ou encore l'arrêt 331 00:22:07,700 --> 00:22:11,880 Brusco contre France du 14 octobre 2010, qui a conduit à réformer 332 00:22:12,080 --> 00:22:14,940 le dispositif de garde à vue s'agissant du droit à l'assistance d'un avocat, 333 00:22:15,960 --> 00:22:19,890 on étudiera ça en procédure pénale, bien souvent en troisième année. 334 00:22:20,090 --> 00:22:21,990 Mais en tous les cas, c'est pour vous montrer ici que 335 00:22:22,380 --> 00:22:25,740 l'on a des décisions parfois spectaculaires. 336 00:22:25,940 --> 00:22:28,050 Encore une fois, l'arrêt sur les écoutes téléphoniques, 337 00:22:29,100 --> 00:22:30,840 c'était une évolution majeure. 338 00:22:31,960 --> 00:22:35,010 Il était très inquiétant, finalement, de constater que de 339 00:22:35,210 --> 00:22:38,070 tels dispositifs pouvaient se mettre en œuvre en dehors de toute règle. 340 00:22:38,270 --> 00:22:42,420 On a, de la même façon, des techniques de renseignement 341 00:22:42,620 --> 00:22:46,710 aujourd'hui qui existent, qui, avant 2015, étaient en fait 342 00:22:47,010 --> 00:22:49,500 pratiquées sur le terrain, mais qui n'étaient absolument pas 343 00:22:49,700 --> 00:22:52,680 encadrées par le législateur et une loi du 24 juillet 2015 est 344 00:22:52,880 --> 00:22:57,420 venue donc donner, enfin consacrer ces dispositifs. 345 00:22:57,930 --> 00:23:00,930 Donc c'est une loi sur le renseignement, on peut se dire 346 00:23:01,130 --> 00:23:05,310 que d'un côté, c'est prévoir toujours davantage de mesures intrusives, 347 00:23:05,580 --> 00:23:09,570 des techniques de renseignement comme l'IMSI catcher ou les écoutes 348 00:23:09,770 --> 00:23:10,710 administratives, par exemple. 349 00:23:10,910 --> 00:23:14,430 Mais on peut se dire aussi, en voyant le verre plutôt plein, 350 00:23:14,880 --> 00:23:19,110 que c'est l'occasion pour le coup de donner un cadre légal à des 351 00:23:19,310 --> 00:23:20,910 techniques qui, de toute façon, était déjà pratiquées. 352 00:23:21,110 --> 00:23:26,460 Voilà, donc sanctions spectaculaires 353 00:23:26,670 --> 00:23:28,680 de ces autorités supranationales. 354 00:23:29,520 --> 00:23:33,630 Alors quant à la portée du contrôle ensuite, paragraphe 2, 355 00:23:34,090 --> 00:23:36,990 alors d'abord, une portée quant au procès. 356 00:23:37,770 --> 00:23:41,310 L'issue d'un procès dépend donc souvent de la régularité d'un texte 357 00:23:41,510 --> 00:23:42,270 en cause. 358 00:23:42,780 --> 00:23:45,930 Donc à l'occasion d'une affaire, le juge pénal peut être saisi avant 359 00:23:46,130 --> 00:23:49,380 toute défense au fond, in limine litis, donc au seuil 360 00:23:49,580 --> 00:23:53,430 du litige, d'une exception d'illégalité du texte servant de fondement aux 361 00:23:53,630 --> 00:23:57,060 poursuites, et en ce cas, le juge se prononce sur l'irrégularité 362 00:23:57,330 --> 00:24:00,000 sans renvoyer le texte devant le juge administratif. 363 00:24:00,440 --> 00:24:04,950 Donc soit l'exception est rejetée, le juge est alors libre ou non 364 00:24:05,150 --> 00:24:08,760 de condamner la personne poursuivie, soit elle est acceptée et à défaut 365 00:24:08,960 --> 00:24:11,160 de base légale de texte, eh bien la personne ne peut plus 366 00:24:11,360 --> 00:24:12,120 être poursuivie. 367 00:24:12,810 --> 00:24:16,170 Et quant au texte ensuite, portée du contrôle quant au texte, 368 00:24:16,370 --> 00:24:20,520 eh bien le juge pénal qui accueillerait l'exception d'illégalité ne peut 369 00:24:20,720 --> 00:24:22,320 pour autant annuler le texte. 370 00:24:23,160 --> 00:24:26,130 Le texte sera tout simplement écarté des débats. 371 00:24:26,640 --> 00:24:30,780 Le texte qui perdure pourra même servir de fondement à d'autres 372 00:24:30,980 --> 00:24:35,460 poursuites donc il s'agit d'écarter typiquement, contrôle de 373 00:24:35,660 --> 00:24:38,040 conventionnalité, on vous dit voilà, cette norme doit être écartée, 374 00:24:38,240 --> 00:24:40,590 on l'écarte du débat, simplement, il est vrai qu'à force 375 00:24:40,790 --> 00:24:43,890 de sanctions, à force d'encourir des illégalités, les différentes 376 00:24:44,090 --> 00:24:48,060 sanctions conduiront de toutes les façons le législateur à prendre 377 00:24:48,330 --> 00:24:50,700 les dispositions nécessaires. 378 00:24:53,130 --> 00:24:57,960 Voilà donc ce que je pouvais dire sur ces éléments-là. 379 00:24:59,340 --> 00:25:04,590 Donc plus globalement, sur ce premier titre consacré à 380 00:25:04,790 --> 00:25:07,560 la légalité pénale, nous envisagerons donc la prochaine fois, 381 00:25:08,130 --> 00:25:10,890 eh bien, le titre second consacré à l'infraction.